Le mot de Chateaubriand
"Nous nous arrêtâmes pour dîner à une abbaye de Bénédictins, qui, faute d'un nombre suffisant de moines, venait d'être réunie à un chef-lieu de l'ordre. Nous n'y trouvâmes que le père procureur, chargé de la disposition des biens-meubles et de l'exploitation des futaies. Il nous fit servir un excellent dîner maigre, à l'ancienne bibliothèque du prieur : nous mangeâmes quantité d'œufs frais, avec des carpes et des brochets énormes. A travers l'arcade d'un cloître, je voyais de grands sycomores, qui bordaient un étang. La cognée les frappait au pied, leur cime tremblait dans l'air, et ils tombaient pour nous servir de spectacle. Des charpentiers, venus de Saint-Malo, sciaient à terre des branches vertes, comme on coupe une jeune chevelure, ou équarrissaient des troncs abattus. Mon cœur saignait à la vue de ces forêts ébréchées et de ce monastère déshabité. Le sac général des maisons religieuses m'a rappelé depuis le dépouillement de l'abbaye qui en fut pour moi le pronostic."
Histoire de la commune
Le Tronchet s'est constitué historiquement autour de l'abbaye du Tronchet. Dès la fin du XIème siècle, un lieu de prière existait à cet endroit, habité par Gaultier, miraculeusement guéri de la lèpre par un religieux de passage. Il se forma alors une pieuse communauté ; une église fut fondée en 1140 et un couvent vers 1150. Le Tronchet fut ensuite donné à l'abbaye de Marmoutiers (près de Tours) par le sénéchal de Dol, Alain, comme dépendance du prieuré de Combourg. Cette maison fut érigée en Abbaye en 1170 pour des moines de Saint-Benoît. Raoul en fut le premier abbé. En 1278, Edouard IV, roi d'Angleterre, accorda à l'abbaye du Tronchet la permission de tenir une foire.

Les fourches patibulaires, insignes de basse, moyenne et haute justice, s'élevaient alors dans le village du Tronchet qui s'était constitué autour de l'abbaye. En 1478, François de Beauchêne, abbé du tronchet, reçu le droit de porter l'anneau, la mitre et autres ornements pontificaux. Puis l'abbaye périclita et fut réformée au 17ème siècle par la congrégation de Saint-Maur et reconstruite sur une colline proche. Les habitants du Tronchet s'étaient en effet mobilisés avec l'évêque de Dol-de-Bretagne pour rétablir le monastère. Cependant, un siècle plus tard, le conseil du Roi, par arrêt du 3 avril 1767, porta suppression de l'abbaye du Tronchet en termes poétiques teintés de nostalgie.
Rattachée dès lors à la commune de Plerguer, avec des conseillers spéciaux, Le Tronchet fut érigé en commune en 1953, après un siècle de combat juridique (première demande en 1847). Ainsi, 800 ans après l'édification d'un lieu de prière dans un lieu retiré, cette abbaye reconstituée en 1679 donnait son nom à une nouvelle commune, notre commune du Tronchet.
Patrimoine de la commune
Le Houx (Ilex aquifolium), qui trône au centre du cloître, est un arbre remarquable. Il aurait été planté l'année de l'accession au trône de Louis XIV, en 1643.
Les Personnages celebres
Robert Surcouf

Fils de Charles-Ange Surcouf et Rose-Julienne Truchot, commerçants. Il embarque dès l'âge de 13 ans comme mousse sur l'Aurore en partance vers les Indes. Dès 1795, il se lance dans la course contre les navires anglais dans les eaux de l'océan Indien. Il acquiert une réputation de redoutable corsaire, surnommé "L'ogre du Bengale», faisant des prises exceptionnelles. Le frère du capitaine Surcouf, Nicolas Surcouf, intrépide marin comme lui, fut son second pendant près de quinze ans, et contribua à ses succès. Après 1815, il se retire à Saint-Malo, se marie et profite de sa fortune. Il meurt le 8 juillet 1827 et est inhumé au cimetière de Rocabey à Saint Malo. Son fils, Adolphe, fit construire en 1849, une malouinière servant de pavillon de chasse au Haut Mesnil. Cette malouinière appartient toujours à la famille Surcouf.
Abbe Caperan
Arnaud-Thomas CAPERAN est né à Dol le 6 avril 1754, fils de l'imprimeur de l'évêque de Dol, Arnaud CAPERAN. (Kerviler, archives d'I.-et-V.). Il est raconté, dit l'abbé DUINE, que l'abbé CAPERAN fut un des professeurs de CHATEAUBRIAND à Dol et bien que le donneur d'immortalité ne l'ait jamais nommé, » Quelques historiens prétendent que ce prêtre exerça son ministère sacerdotal à Saint-Coulomb, à Sains et à Baguer -Pican. En 1791, il ne prêta point le serment et s'expatria pendant la Révolution. En 1800, on le trouve à Londres où il publie l'ouvrage : Le Sens Profétique du 67e Psaume de David : Exsurgat Deus... Il a collaboré à Londres à l'orientale collection de William OUSELEY... écrit des poésies... (Levot, Biogr.bret.). Premier Recteur du Tronchet (1810-1826)
Albert Aubry

Albert AUBRY est né en 1892 à Malestroit dans une famille de 14 enfants. Ses parents y tenaient échoppe de bourrelier. En septembre 1912, Albert Aubry fut nommé instituteur adjoint au Tronchet, où il s'installa. Il fut fait Chevalier de la légion d'honneur en mars 1919. Député socialiste d'Ille et Vilaine de 1919 à 1924, il fut le plus jeune député de la "chambre bleu horizon". Durant la guerre 39-45, il fut arrêté par la Gestapo et déporté au camp de concentration de Neuengamme où il passa 16 mois.
Après 1945, il reprit une activité politique. Il siégea à l'assemblée nationale constituante, réélu député d'Ille et Vilaine. Il le resta jusqu'à sa mort. ¨Président de la commission comptabilité de l'assemblée nationale, rapporteur du budget des anciens combattants et victimes de guerre, il défendit inlassablement les victimes de guerre. Président de l'association des déportés de Neuengamme, il alla exprimer à travers le pays la pensée de ses compagnons de misère et prêcher la paix définitive. Il s'éteignit le 11 août 1951 et repose dans le cimetière communal. L'école communale porte son nom.